Mme / M. le Maire
Mairie de la 1re circonscription
Charleville-Mézières, le 25 novembre 2024,
Madame le Maire, Monsieur le Maire,
Fallait-il y voir un signe ? Ce lundi 30 septembre, il était 08h08 lorsque j’ai appris la démission du député de notre circonscription. Cette annonce m’a ramené à ce soir de juillet dernier, au soir des dernières élections législatives. Comme vous, j’ai été marqué.
Non pas que j’en veuille personnellement à M. Termet. Les graves problèmes de santé qu’il traverse imposent une retenue absolue. Ce qui m’a frappé, ce qui nous a tous frappés, c’est autre chose.
Ce n’est pas tant qu’un député ait été élu, ici, pour la première fois sous l’étiquette du Rassemblement National – il faudrait être aveugle pour nier la montée des extrêmes dans nos ruralités. Non, ce qui m’a sidéré, ce qui nous a tous sidérés, c’est qu’un Breton de 22 ans, qui n’avait jamais mis un orteil ici, chez nous, ait pu devenir député de notre circonscription, de nos Ardennes.
Nous, Ardennais, si fiers de notre terre et si profondément attachés à nos valeurs, avons confié notre destin à quelqu’un qui, disons-le franchement, nous était totalement inconnu. Ce n’était pas seulement une élection. C’était un signal d’alarme.
Ce lundi 30 septembre, je l’ai vécu comme un électrochoc. Vous avez peut-être ressenti cet instant, vous aussi. Celui où tout bascule. Celui où, après des mois, peut- être même des années, quelque chose en vous vous dit : c’est le moment.
Ce n’est jamais une décision facile. C’est un appel qui vous prend aux tripes, qui balaie les doutes, les peurs, les sacrifices. Un appel qu’on ne peut plus ignorer. Une force intérieure. Celle qui pousse à agir, à se lever, à défendre ce qui nous dépasse.
Pourquoi cette élection ? Pourquoi maintenant ?
Parce que c’est une Législative partielle. Une occasion rare, en dehors des radars des grands partis nationaux. Il ne faut pas s’y méprendre : une élection législative est avant tout un enjeu national, et un député a pour mission de représenter l’ensemble du pays. Mais cette « partielle » offre une occasion unique de remettre l’échelle locale au cœur des priorités.
Parce que la configuration actuelle à l’Assemblée nationale appelle une voix indépendante. Une voix libre, affiliée au groupe Liot. Une voix capable de voter en conscience, sans se plier à des consignes partisanes.
Parce qu’une voix indépendante peut bâtir des alliances de circonstance. Des alliances utiles. Des alliances qui défendent les intérêts des Ardennais.
Parce que je prouverai que je ne lâche jamais rien, que je sais mettre le pied dans la porte quand il le faut et construire un réseau solide.
Parce qu’un député libre peut capter l’attention médiatique autrement. Imaginez : un citoyen qui se présente à une élection pour la première fois de sa vie à 39 ans, sans parti, sans étiquette, sans mentor politique. Un candidat venu de nulle part, un gamin du pays d’Ardenne, qui devient député de sa circonscription à la surprise générale.
Ce serait inédit.
Un parcours ancré dans le territoire
Si je m’adresse à vous aujourd’hui, c’est parce que vous êtes l’un des maires des 186 communes que compte la 1re circonscription. Et il me semble essentiel, par respect et en toute humilité, de me présenter à vous.
Pourquoi vous ?
Parce que vous êtes en première ligne. Vous êtes ceux qui portent, chaque jour, les attentes et les espoirs des administrés. Votre rôle est essentiel, mais je sais aussi combien il est exigeant. Trop souvent, vous vous sentez seuls face aux défis, confrontés à une administration lourde et des moyens insuffisants. Trop souvent, vous avez l’impression que vos efforts ne sont ni soutenus ni reconnus à leur juste valeur.
C’est pour cela que je vous écris. Parce que votre engagement force le respect, et parce que je veux être à vos côtés, pour vous écouter, vous accompagner, et faire en sorte que votre voix résonne jusqu’à Paris.
Pourquoi moi ?
Parce que je suis convaincu que nous avons ici tout ce qu’il faut pour réussir. Mais pour cela, nous avons besoin d’un député qui nous connaît vraiment. Quelqu’un qui partage nos valeurs, comprend nos réalités, et qui défend nos intérêts avec sincérité. Loin des calculs partisans. Loin des logiques d’appareil.
Depuis près de 20 ans, à mon niveau, je me bats pour l’attractivité économique, touristique et culturelle des Ardennes. J’ai accompagné un nombre incalculable d’acteurs locaux, publics comme privés. À travers mes engagements professionnels et associatifs, j’ai œuvré pour valoriser nos richesses, créer des opportunités, et dynamiser notre tissu local.
En 2017, j’ai pris les rênes de la communication et des partenariats du Cabaret Vert. Une nouvelle dimension qui m’a permis d’être un lien fédérateur entre 500 chefs d’entreprise, des associations et des centaines de bénévoles. Ces rencontres m’ont montré la richesse humaine et le potentiel extraordinaire de notre territoire. Avec ce collectif, nous avons réussi à mettre Charleville-Mézières sur la carte de l’Europe. Nous avons reçu des ministres, fait parler des Ardennes partout en France, et su trouver des alliés pour grandir et renforcer le rayonnement de notre territoire.
Sans le savoir, je me prépare depuis 20 ans. Cet engagement est le fruit d’une lente réflexion. Il est le prolongement naturel de mon parcours, de ce que j’ai appris, de ce qui m’a été transmis, et de ce en quoi je crois profondément. C’est pour cela que je veux me battre.
Ma famille et mes proches sont à mes côtés. Leur soutien indéfectible et leur énergie positive me portent chaque jour. Ils me rappellent ce qui compte vraiment et renforcent ma détermination à servir.
Un projet né du terrain
Cette circonscription, c’est toute ma vie. J’ai grandi à Rethel et suis devenu un homme et un père de famille à Charleville-Mézières. Mon projet ne vient pas d’un livre ou d’une stratégie partisane. Il a été patiemment construit, au fil des années, au contact d’acteurs du territoire.
Ces deux derniers mois, j’ai intensifié ma réflexion. De Rethel à Charleville, des Crêtes à la Thiérache, j’ai échangé avec des décideurs, des élus locaux et des citoyens engagés. Jeunes et retraités, cadres et ouvriers, de gauche comme de droite.
Et toi, tu ferais quoi ? Chacun, expert dans son domaine, m’a apporté, souvent sans le savoir, une pierre à l’édifice de ce projet. Ces rencontres ont nourri ma vision et renforcé ma conviction qu’ensemble, nous pouvons bâtir un avenir solide pour notre territoire.
Ce projet repose sur trois grands piliers :
- Le travail et le mérite
- La justice sociale et fiscale
- Un avenir durable
En découlent 9 axes thématiques et 38 engagements. Ce projet, c’est une base. Une invitation. Un point de départ pour avancer ensemble. Parce que je suis convaincu que seul, on ne va nulle part.
Mais ensemble, tout devient possible.Ne vous y trompez pas : je ne vais pas arriver parmi vous en prétendant tout changer du jour au lendemain. La tâche est immense, et j’en ai pleinement conscience. Mais permettez-moi, au moins, d’y croire. De croire qu’il est possible de faire autrement. De croire qu’avec du travail, de l’écoute et de la sincérité, nous pouvons accomplir de grandes choses.
Nous ne règlerons pas tout en un jour. Il faudra choisir nos combats, avancer avec méthode et détermination. Mais une chose est certaine : je me battrai à vos côtés. Je m’engagerai corps et âme. Je donnerai le meilleur de moi-même pour défendre nos Ardennes. Avec honnêteté. Avec pragmatisme. Et avec cette force intérieure qui m’a toujours guidé.
Droite ou gauche ?
L’indépendance a ses limites, je le sais. À moins qu’elle ne se transforme en un élan collectif. À moins qu’elle ne trace une voie nouvelle ? Alors, suis-je de droite ou de gauche ? Est-ce vraiment là l’essentiel ? Je ne suis pas sûr. Est-ce que cela m’empêche d’avoir des valeurs et des convictions ? Vous êtes juge.
En 2024, ces clivages entre droite et gauche ont-ils encore un sens ? Ma démarche a toujours été de refuser d’enfermer les gens dans des cases. Dans ma vie, j’ai peut-être accordé plus souvent ma voix à des personnalités de gauche qu’à droite. Mais, avant tout, j’ai toujours voté pour une personne, pour une vision.
Nous devons transcender les divisions actuelles. Il est possible de mêler le vert, le rouge et le bleu. De construire une vision optimiste et cohérente. De défendre à la fois le travail, le mérite, la justice sociale et fiscale, et un avenir durable pour notre territoire
Les bonnes idées n’appartiennent pas à un camp. Elles viennent de partout. Moi, je fais le choix du pragmatisme. Je fais le choix du bon sens.
Une campagne éclair, un choix important
Ce dimanche, notre territoire vivra un moment significatif. Dans l’isoloir, chaque électeur va se poser les mêmes questions :
- Quel candidat est le mieux à même de voter des lois en mettant l’intérêt des Ardennes avant celui d’un parti ?
- Qui saura être un ambassadeur sincère et engagé pour notre territoire ?
- Qui a su se préparer au mieux et construire une vision claire, tangible etancrée dans notre réalité ?
- Quel candidat sera à l’écoute de tous les acteurs locaux et des citoyens, au-delà des clivages partisans ?
Vous chercherez une voix forte et indépendante. Une voix capable de défendre les Ardennes avec authenticité. Parce qu’ici et maintenant, nous devons nous rassembler autour de l’essentiel : l’intérêt supérieur de notre territoire et de ses habitants.
Chacun votera en son âme et conscience.
Ma candidature était inconnue il y a encore quelques jours. L’effet de surprise a joué à plein, et une dynamique est née. Une envie de changement se fait sentir. De Rethel, à Charleville. Des Crêtes à la Thiérache. J’ai croisé des regards. J’ai entendu des mots d’espoir.
Quoi qu’il arrive dimanche, quoi qu’on puisse en dire, j’aurai apporté un souffle nouveau. J’aurai, modestement, bousculé les choses. Si je suis éliminé, je remercierai tous ceux qui ont cru en moi. Les centaines de citoyens qui ont vu un espoir dans ma candidature. Et je leur dirai ceci : vous êtes libres. Je n’ai pas à vous dicter votre choix. Mais, avec clarté, je dirai aussi : je n’ai jamais voté pour le FN et je ne voterai jamais pour le RN. Parce que je suis convaincu, avec fermeté, que ce n’est pas une solution durable.
Non pas que je ne comprenne pas les Ardennais, de plus en plus nombreux, qui font ce choix. Je ne les stigmatise pas. Ce sont majoritairement des citoyens qui se sentent abandonnés, trahis, lassés des belles paroles, et qui ne croient plus en la politique traditionnelle.
Nous devons écouter ces voix et prendre en compte leurs préoccupations. La sécurité, la justice sociale, les valeurs du travail et du mérite : sur ces sujets, nous pouvons dialoguer. Nous pouvons convaincre.
Si je suis qualifié pour le second tour à la surprise générale ? Alors, je serai prêt. Prêt à rassembler. Prêt à parler à tous. Prêt à mettre toute mon énergie et ma force de travail au service de la France et de la 1re circonscription des Ardennes. Prêt à représenter fièrement notre Nation et nos Ardennes.
Et, comme je l’ai toujours fait, je saurai m’entourer. De femmes et d’hommes compétents, engagés, et portés par la même ambition : agir concrètement pour notre territoire.
L’esprit de l’Ardennais
Permettez-moi de conclure cette lettre ouverte avec ces mots du général Blanchard. En 1928, lors du banquet des Ardennais de Paris, ce natif de Sedan posait une grande question : « Qu’est donc l’Ardennais ? »
Extrait : « L’Ardennais est dur comme son climat, rude comme sa forêt. Peu sociable au premier abord (…) Mais sous cette rude écorce se cache un cœur sensible, secourable à ceux qui souffrent, toujours prêt à rendre service, et sans bruit (…). Travailleur acharné, une volonté opiniâtre le guide implacablement vers le but qu’il a choisi (…). Il cache des convictions aussi sincères que profondes, qu’il n’a adoptées qu’après longue étude et mûre réflexion (…). Patriote, enfin, l’Ardennais. Placé aux avant-postes de la France, il est toujours le premier attaqué, le dernier libéré. Mais il sait que le Pays compte sur lui : il reste digne de son long passé d’honneur et de vaillance. (…) Nature robuste, esprit critique, tempérament guerrier, Français deux fois : tel est l’Ardennais. »
Ces mots, presque un siècle plus tard, résonnent encore en moi. En nous.
Cet esprit de force, d’engagement et de fidélité à notre terre, c’est celui que je veux incarner à l’Assemblée nationale. Non pas seulement en votre nom, mais à vos côtés, et pour vous.
Car, ensemble, nous pouvons montrer que notre territoire a un avenir. Que les Ardennes ne sont pas condamnées à l’abandon, mais qu’elles peuvent devenir un exemple de résilience et d’innovation. Cette ambition, je veux la porter avec vous, et pour vous.
Alors, vive les Ardennes, vive la République, et vive la France !
Rémy Talarico